Aile Lescot
La profusion de sculptures sur l’aile Lescot est liée à la vision de l’architecture de la Renaissance française que partageaient Jean Goujon, le sculpteur, et Pierre Lescot, l’architecte. La présence soutenue de la sculpture sur les façades du Louvre sera par la suite une constante dans l’oeuvre des architectes qui suivront Pierre Lescot, par fidélité et par volonté d’harmonie.
La façade de l’aile Lescot est décorée de trois frontons, de douze bas-reliefs monumentaux accompagnant les frontons, de trois oeils de boeuf, de douze trophées d’armes. On trouve aussi des Dianes entre deux chiens, des frises d’enfants tenant des guirlandes, des têtes de satyre. L’ensemble de ces œuvres a été réalisé par Jean Goujon, aidé de Pierre et François Lheureux, d’Etienne Carmoy, de Pierre Manyn, de Martin Le Fort.
L’exécution de ces œuvres s’échelonne de 1549 (pour les oeils de bœuf) à 1556 (pour les frontons) avec des commandes successives sans qu’une vision d’ensemble n’ait été totalement définie au départ. Cependant, le résultat est d’une homogénéité totale au regard d’aujourd’hui, même si on note des différences d’exécution entre les oeils de bœuf (bas-relief traitant avec finesse les figures féminines et les drapés) et les personnages encadrant les fenêtres (bas relief plus ciselé, des figures plus massives).
L’avant corps central est décoré d’un fronton représentant Deux Victoires couronnant le chiffre du roi (ou Deux Renommées à la gloire du Roi), une composition symbolisant le pourvoir guerrier de la royauté associée aux figures mythologiques de Mars et Bellone, dieux de la guerre. Au coté de Mars et Bellone, deux Prisonniers dans une position de soumission, enchaînés et genoux à terre. Le fronton de Goujon a été partiellement modifié au fil des siècles. A l’origine, les Deux Victoires soutenaient une couronne royale et l’écusson central était décoré de trois lys. A la Révolution, la couronne fut supprimée et les lys furent remplacés par le sigle RF. Par la suite, à la Restauration, la mention RF fut transformée en un « H » couronné.
Le fronton situé près du pavillon de l’Horloge, symbolise le pouvoir de la connaissance de la royauté avec la figure allégorique de la Science entourée par Archimède et Euclide. Ces deux savants de l’antiquité sont accompagnés de deux Génies de l’étude, l’un lisant, l’autre écrivant.
Le fronton de gauche représente une déesse aillée, la Paix ou l’Abondance, accompagnée à gauche de Neptune et de Bachus, à droite de Cérès, divinité des moissons, et de Pan, dieu de la Nature.
Les trois oeils de boeufs représentent de façon cohérente avec les thèmes des frontons, la Gloire du Roi, la Guerre et la Paix, l’Histoire et la Victoire.
La façade est aussi largement décorée de trophées d’armes, de frises d’enfants aux guirlandes, de têtes de satyre, de Diane entre deux chiens qui ont été exécutés par Jean Goujon avec les sculpteurs de son atelier.
Plus de trois siècles plus tard, entre 1859 et 1892, ont été ainsi installées dans les niches du rez-de-chaussée, six figures allégoriques et mythologiques : Architecture (1892) de Onésyme Aristide Croisy, Euripyle (1860) d’Henri Frédéric Iselin, Hélène et Paris (1859) d’Antoine Etex, Le Message (1860) de Alexandre Oliva, La Sculpture (1861) de François Jouffroy.
Les niches du premier étage des différentes ailes de la cour Carrée sont occupées par des copies d’antique (exécutées au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle).