Pavillon de Flore, Aile de Flore
Lors de la reconstruction du pavillon de Flore et de l’aile de Flore, entre 1861 et 1866, Lefuel abandonna l’architecture de Jacques II Androuet Ducerceau et choisit de garder une harmonie à l’ensemble du palais. Il reprit les principes de décoration de la cour Carrée et de la Grande Galerie orientale.
Pour le pavillon de Flore, Lefuel confia à Jean Baptiste Carpeaux la décoration de la façade côté Seine et à Pierre Jules Cavelier, celle côté des Tuileries. Jean Baptiste Carpeaux exécuta deux chef-d’œuvres, le Triomphe de Flore et la France portant la lumière dans le monde et protégeant la Science et l’Agriculture. Jules Cavelier, outre le Fronton, exécute au niveau du deuxième étage, deux Sentinelles.
Les travaux de décoration devaient être terminés pour l’exposition universelle de 1867. Jules Cavelier livra ses œuvres dans les délais prévus. Par contre, Carpeaux (la « terreur des architectes » au dire de son ami Charles Garnier) accumula les retards. Il traîna à définir son projet au point que Lefuel voulu retirer la commande à Carpeaux et la confier à un autre artiste. Carpeaux jouant de son influence auprès de Napoléon III, fut maintenu sur ordre officiel de l’empereur.
Son œuvre le Triomphe de Flore fut aussi un sujet de conflit avec Lefuel. L’architecte du Louvre voulait faire diminuer l’importance de l’oeuvre qui dépassait l’alignement prévu sur les plans. Carpeaux refusa de céder et une fois encore l’empereur lui apporta son appui.
La décoration était abondante et plusieurs sculpteurs ornemanistes furent sollicités : Morand (lions des consoles des balcons du rez-de-chaussée), Murguey (corniches du couronnement, frontons brisés, vases des angles,…), Eudes (masques du rez-de-chaussée), Cousseau (frises, clés de niches), Hurpin (pendeloques), Clère (aigles, groupes d’enfants), Houguenade (pendeloques). Il faut noter que Jean Baptiste Carpeaux et Jules Cavelier contribuèrent aussi à la décoration avec les Frises d’enfants situées sous leur fronton respectif.
Presque dix ans plus tard, en 1876, pour la décoration de la nouvelle façade du côté nord (« libérée » après l’incendie et la destruction des Tuileries), Lefuel commanda à Jules Franceschi le Fronton, à Jules Isidore Lafrance La Prudence (premier étage) et La Loi (deuxième étage), et à Tony Noël (en remplacement de Perraud décédé) le groupe du troisième étage.
Pour la décoration de la façade nord du pavillon de Flore, les sculpteurs qui avaient décoré les façades sud et ouest du pavillon, furent sollicités : Morand, Murgey, Hurpin, Cousseau, Eudes, Leprêtre.
Contrairement aux objectifs de Lefuel, les travaux ne furent pas achevés pour l’exposition universelle de 1878. La façade ne fut décorée entièrement que l’année suivante.
Pour l’aile de Flore (côté Carrousel), on peut apprécier la démesure de la décoration, caractéristique de l’art du second empire. Pas un espace n’est laissé libre. Devant l’abondance de sculptures, le visiteur reçoit une vision d’ensemble sans pouvoir facilement découvrir chacune des œuvres. Et pourtant, ici encore, de nombreux sculpteurs de renom de l’époque ont contribué à la décoration de cette façade.
On trouve huit frontons signés en 1864, de Louis Merley, de Jean Joseph Perraud, de Gabriel Jules Thomas, de Nicolas Victor Vilain, d’Eugène Delaplanche, Jules Franceschi, de Camille Demesmay et Charles Gumery. A chacun de ces huit frontons sont associés deux bas-reliefs du même auteur, qui retracent divers épisodes de la mythologie, toujours en harmonie avec le style des bas-reliefs de Jean Goujon sur l’aile Lescot.
Les bas-reliefs sont surmontés de groupes avec Diane et chiens d’Emmanuel Frémiet et d’Auguste Cain, ou de groupes de hibou ou cerf avec chiens de Paul Edouard Delabrière.
Les figures d’hommes installées dans les niches du rez-de-chaussée sont de Louis Auguste Edmond Lévêque, de Charles François Marie Iguel, de Théodore Gruyère, de Forgeot, de Jean Esprit Marcellin, de Jean Claude Petit, de Pierre Travaux, de Séraphin Dénéchaux, de Louis Léopold Chambard. Les figures de femmes installées dans les niches du premier étage sont de Aimé Millet, de Pierre Bernard Prouha, de Maillet, d’Emile Chatrousse, de Jean Jules Bernard Salmson, de Joseph Michel Ange Pollet, de Jean Baptiste Paul Cabet, de Eugène André Oudiné, de Gustave Adolphe Désiré Crauk, de Pierre Alexandre Schoenewerk.
Enfin, la porte des Lions est décorée de deux Lionnes (1867) en bronze d’Auguste Cain (en parfaite symétrie), en écho aux deux Lions d’Auguste Barye, situés sur le côté Seine du passage des Lions. Ces deux Lionnes sont reproduite et installées, toujours en parfaite symétrie, devant la porte de l’Ecole du Louvre.
DESCRIPTIF DETAILLE
Les huit ensembles (composés d’un fronton avec un couple de bas-reliefs encadrant la fenêtre du deuxième étage) de la façade nord de l’aile de Flore, côté du Carrousel, sont de Louis Merley, Charles Gumery (La Gloire, 1866), de Camille Demesmay (Enlèvement d’Europe), Jules Franceschi (L’Histoire, 1866), d’Eugène Delaplanche (avec les bas-reliefs représentant les Fleuves), de Nicolas Victor Vilain, de Gabriel Jules Thomas (La Force, 1864) et de Jean Joseph Perraud (La Victoire, 1864).
Les figures allégoriques ou mythologiques (exécutées en 1865-1866) situées dans les niches du rez-de-chaussée de la façade nord de l’aile de Flore, côté Carrousel : Le Flûteur de Louis Auguste Edmond Lévêque, Le Laboureur de Charles François Marie Iguel, Le Guerrier grec et Le Guerrier étrusque de Théodore Gruyère, Le Frondeur de Forgeot, Le Lutteur de Jean Esprit Marcellin, Castor et Pollux de Jean Claude Petit, Méléagre de Pierre Travaux, Le Vendangeur de Séraphin Dénéchaux, Mercure de Louis Léopold Chambard.
Les figures allégoriques ou mythologiques situées dans les niches du premier étage de la façade nord de l’aile de Flore, côté Carrousel : Terpsichore de Aimé Millet (1865), L’Abondance de Pierre Bernard Prouha (1865), Minerve de Jacques Léonard Maillet (1865), Cérès d’Emile Chatrousse (1865), Nymphe et Naïade de Jean Jules Bernard Salmson (1866), Pandore et Psyché de Joseph Michel Ange Pollet (1866), Baigneuse et Pêcheuse de Jean Baptiste Paul Cabet (1866), Hébé et Daphné de Eugène André Oudiné (1866), Melpomène et Euterpe de Gustave Adolphe Désiré Crauk (1865), Erigone et Circé de Pierre Alexandre Schoenewerk (1866).
Sur la façade nord de l’aile de Flore, les groupes d’animaux sont d’Emmanuel Frémiet (1, 2 et 8ème positions), d’Auguste Cain (3 et 6ème positions), de Paul Edouard Delabrière (4, 5 et 7ème positions).
Sur la façade nord de l’aile de Flore, on trouve une série de médaillons de Houguenade, représentant : Ovide, Horace, Pompée, Jules César, Cicéron, Agrippa, Marc Aurèle, Septime Sévère, Tite Live, Tacite, Virgile, Quintilien, Auguste, Trajan, Nerva, Titus.