Pavillon Saint Germain l’Auxerrois - Aile Est
Dans les plans initiaux de Perrault, la Colonnade devait être largement décorée. Il avait prévu des statues dans les niches, surmontées de bas-reliefs, des Trophées d’armes sur les balustrades, un fronton central surmonté par la statue de Louis XIV entourée de deux renommées assises. Pour le fronton central, deux blocs de pierre de dix-sept mètres de long et vingt cinq mètres de hauteur furent mis en place (les travaux pour installer ces blocs furent complexes et longs (de 1672 à 1674), et des échafaudages gigantesques durent être élevés). Mais au final, aucune commande ne fut lancée pour la réalisation des statues ou des bas-reliefs.
Quelques travaux furent cependant engagés. Le Hongre fut chargé de plusieurs chapiteaux et ornements de la colonnade entre 1668 et 1670. Philippe Caffièri et Mathieu Lespagnandelle, entre 1674 et 1678, sculptèrent les chapiteaux corinthiens des colonnes (sans hâte, semble t-il, car ils recevaient une allocations forfaitaire de 14 000 livres par an pour ce travail). Jean Baptiste Tuby exécuta plusieurs têtes de satyre.
Presque un siècle plus tard, en 1757, Soufflot se préoccupa de l’achèvement du bas-relief qui devait orner le fronton central. Il proposa au marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi, d’y faire sculpter par Guillaume II Coustou, l’image du roi, à qui Minerve, tenant d’une main le médaillon de Louis XIV, présentait de l’autre le modèle du Louvre inachevé, en le suppliant de la terminer. Les génies des arts l’auraient suivi, tandis que la renommée couronnerait le roi. Une inscription latine qui aurait accompagné ce bas-relief devait être composée par l’Académie des belles-lettres. Ce projet fut abandonné.
Guillaume II Coustou intervint tout de même, sur la façade intérieure de la cour (entre 1757 et 1759), sur laquelle il cisela des trophées, des frontons de fenêtre, des chapiteaux, des couronnes, des branches de lauriers et des bâtons royaux. Il exécuta aussi durant la même période, sur le fronton du pavillon de Saint Germain-l’Auxerrois, côté cour Carrée, un globe rayonnant orné de trois fleurs de lys, entouré du collier des ordres du roi et supporté par deux anges, tenant une guirlande et couchés à demi sur des nuages entremêlés, de rayons de soleil, de palmes et de lauriers (désigné initialement par Les armoiries royales soutenues par deux anges tenant une guirlande et portées sur des nuages). A la Révolution, un coq gaulois entouré d’un serpent qui se mord la queue a remplacé le globe aux armes de la royauté. L’œuvre devint Un coq, entouré d’un serpent qui se mord la queue, est soutenu par des génies pour tenir compte des changements de régime politique.
Les travaux de décoration ne reprirent qu’en 1808, sous l’impulsion de Napoléon 1er. François Lemot, exécuta sur le fronton de la façade côté de l’église Saint Germain l’Auxerrois, Minerve entourée des muses de la Victoire, couronne le buste de Napoléon (buste remplacé par celui de Louis XIV, à la Restauration). Sur la même façade, Pierre Cartellier, en 1810, s’inspirant d’un camée antique, réalisa la Victoire sur un quadrige distribue des couronnes.
Entre 1821 et 1824, de nouveaux travaux sont lancés et les oeils de bœuf du rez-de-chaussée, sont exécutés en faisant appel à des sculpteurs de renom comme Augustin Dumont et David d’Angers. On trouve de gauche à droite : la France et la Charte (ou Le Roi apportant la paix et les lois, et la France lui rendant son spectre, 1824) d’Antoine François Gérard, la Poésie épique et l’Elégie (1821) de Petitot fils, la Justice et la Force (1824) de Charles René Laitié, la Tragédie et la Comédie (1824) de Jacques Edme Dumont, la Poésie et la Musique (1822) de Jean Debay, la Justice et l’Innocence (œuvre dénommée aussi L’innocence implorant la Justice, 1824) de David d’Angers.
Dans les niches du rez-de-chaussée de la cour, on trouve des figures allégoriques ou mythologiques exécutées entre 1854 et 1891 par des sculpteurs reconnus comme Nanteuil (Apollon), Jean Auguste Barre (Bacchante).
En traversant le passage de la Colonnade, entre la cour et la façade Saint Germain l’Auxerrois, on peut admirer, malgré la pénombre, les frontons de Jean Goujon (la Justice et la Piété). Sur les deux côtés des figures, les trophées d’armes sont d’Etienne Carmoy et Martin Le Fort.
DESCRIPTIF DETAILLE
Les figures des niches du rez-de-chaussée : Sapho de Pierre Travaux (1859), Archéologie d’Horace Daillon (1891), Nymphe de Pierre Bernard Prouha (1855), Orphée de Gabriel Jules Thomas (1854), Bacchante de Jean Auguste Barre (1854), Abondance de Jacques Léonard Maillet (1860), Apollon de Nanteuil (1860), La Peinture de Jean Turcan (1891), Pandore de Pierre Loison (1861), Modestie de Louis Léopold Chambard (1861), Penthésilée de Vital Gabriel Dubray (1862).